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    Palestine : il y avait plein d’arbres, il ne reste qu’un terrain vague

    Il était aux environs de 7 heures du matin quand ils sont arrivés, à peine 9 heures quand ils sont repartis, selon des témoignages des bergers de Nahalin, un village de Palestine situé au sud de Bethléem.

    « Ils », ce sont des soldats de l’armée israélienne au volant de plusieurs bulldozers qui ont détruit lundi 19 mai près de 1 500 arbres fruitiers dans une vallée appartenant à la famille Nassar.

    Ce matin-là, on s’est levés comme chaque jour aux alentours de 7 heures. Comme chaque jour, on est ensuite partis ramasser du blé dans un champ, avec les autres volontaires de la ferme.

    Puis Daher Nassar, l’un des propriétaires, est arrivé comme chaque matin, nous a salués, avant de descendre dans la vallée : quelqu’un l’avait appelé et il était inquiet, des soldats israéliens avaient été vus dans ses champs.

    Quelques minutes plus tard, il est revenu au pas de course. Ça n’est pas dans les habitudes de Daher de marcher au pas de course. La soixantaine, le pas traînant, il a le sourire permanent même s’il lui manque quelques dents. Il a observé avec désarroi ces dix dernières années son horizon changer avec l’installation de cinq colonies israéliennes autour de Nahalin. Pourtant, chaque jour, sans relâche, il arpente une partie de ses 40 hectares de terres, seul ou accompagné d’un groupe de touristes auxquels il conte avec enthousiasme l’histoire de la ferme familiale.

    « Qui sont les terroristes, là, à votre avis ? »

    Alors ce matin-là, quand Daher est arrivé en trombe en criant : « Ils ont tout coupé, ils ont tout coupé », on a compris que quelque chose d’important était arrivé. Nos appareils photo à l’épaule, on est descendus en van dans la vallée, avec une autre volontaire et la mère de Daher, Melada. Il y avait déjà du monde sur le chemin de terre que le van peinait à emprunter.

    Puis on est arrivés dans son champ et on a vu. On a compris. Ils avaient tout coupé. Là où se trouvaient auparavant des centaines d’arbres déjà remplis de fruits mûrissant lentement, il n’y avait plus qu’un immense terrain vague de terre et de cailloux, sillonné de traces de pneus. Ils avaient fait d’immenses trous dans le sol, dans lesquels ils ont enfoui une partie des arbres déracinés. Après quoi les trous ont été rebouchés pour ne pas laisser de traces. En guise de vestiges, il y avait des troncs, quelques branches qui trainaient, des petites pommes écrasées tombées au sol.

    Daher et Melada se tenaient là, désemparés. Des hommes du village sont arrivés, des médias locaux, des associations. On se tenait tous là, silencieux. Un des hommes nous a lancé, en anglais :

    « On dit de nous que nous sommes terroristes ! Mais qui sont les terroristes, là, à votre avis ? »

    « Deux heures. Il leur a fallu deux heures pour ruiner des années de travail », a lancé l’avocat de la famille Nassar, déjà présent sur les lieux :

    « Et quand nous, on demande quelque chose à l’Etat israélien, il faut parfois un an pour qu’on l’obtienne ! »

    « Ces arbres, je les ai vus grandir »

    On leur a demandé pourquoi, pourquoi on leur avait fait ça. Ils ne savaient pas. Personne ne savait. On ne sait jamais vraiment, ici. Ces choses-là arrivent, sans prévenir, sans que personne ne comprenne. Sans que personne ne puisse rien faire, que regarder Melada, une branche d’amandier entre les mains et les larmes aux yeux, lancer du haut de ses 80 ans face à la caméra d’une chaine de télévision locale :

    « Mais c’est notre terre, ce sont nos arbres ! Pourquoi, pourquoi ont-ils fait ça ? »

    Plus tard, Daher m’explique :

    « On était là avant eux ! Israël est ici depuis 1967. Ma famille, elle, cultive ces terres depuis l’époque de mes grands-parents, en 1916. »

    Treize ans de travail acharné dans cette vallée fertile qui permettait à la famille de récolter chaque année des raisins, des amandes, des olives, de produire de l’huile, de faire des confitures puis de vendre tout ça et d’en dégager un petit profit. « Il n’y aura pas de récolte cette année , » m’a dit Daher quelques jours plus tard, en secouant la tête :

    « Pas de confitures, pas d’huile d’olive, rien ! Ces arbres, ils nous ont donné du travail, je les ai vus grandir. C’est ça qui me fait mal. S’ils veulent prendre la terre, qu’ils la prennent. Mais abattre des arbres comme ça… Ce qu’ils ont fait, c’est contraire à toutes les religions. »

    En une semaine, l’équilibre de la petite ferme a été rompu, les journées tranquilles sont ponctuées de visites de journalistes et d’amis de la famille venus constater l’ampleur des dégâts et apporter leur soutien. Les téléphones sonnent en permanence, Daher est constamment sollicité, mais il faut continuer, continuer de s’occuper de la ferme et des arbres plantés récemment, qui remplaceront d’ici une dizaine d’années ceux perdus.

    Les journées sont longues pour tout le monde, désormais. Parce que même si cette ferme n’est pas la nôtre, on ne peut pas baisser les bras, on ne peut pas les laisser comme ça.

    Derrière la détermination, du dépit

    Tout récemment, les autorités militaires israéliennes ont décrété qu’une partie des terres de la famille Nassar, auparavant en zone C (sous contrôle israélien), devenait une zone d’Etat et que par conséquent, la famille Nassar l’exploitait illégalement. La famille a déposé un recours de cette décision devant le tribunal le 12 mai dernier, et ce recours aurait dû empêcher toute action d’être engagée sur ses terres par les autorités israéliennes avant que la question ne soit tranchée. S’engage donc une bataille judiciaire qui permettra peut-être un dédommagement financier, mais qui n’atténuera pas la perte matérielle et le choc moral que cet acte a provoqué.

    La ferme Nassar est aussi le siège de l’association qu’elle a créée, Tent of Nations. Elle vise à rapprocher les peuples et son slogan est « We refuse to be enemies » (nous refusons d’être ennemis). Chaque année, des volontaires et des centaines de groupes de touristes du monde entier sont accueillis à la ferme, curieux de comprendre la situation palestinienne. Parce que tout ce que veulent les Nassar, c’est qu’on les laisse en paix cultiver cette terre qui leur appartient.

    De tels évènements sont fréquents ici. Selon l’association Breaking the silence, créée par d’anciens soldats israéliens, trois tonnes de blé récoltées à la main ont été brûlées chez un Palestinien vivant au sud d’Hébron, il y a quelques jours. C’est une semaine entière de travail acharné qui est partie en fumée.

    Ici, même si la famille clame qu’elle ne baissera pas les bras et que les arbres seront replantés, on sent derrière la détermination un peu de dépit. Parce qu’il faut maintenant tout recommencer. Parce qu’il faudra attendre à nouveau treize ans pour que les arbres ne ressemblent à ce qu’ils étaient la semaine dernière encore. Si rien ne vient les interrompre d’ici-là.

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8153515
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