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    Islande : « La révolution des casseroles »

    Dans cet ancien «eldorado de l'Arctique», la crise économique a déjà fait tomber le gouvernement, une première en Europe.

    Le tintamarre des casseroles et des poêles à frire, chaque samedi devant le Parlement, a fini par avoir raison du premier ministre islandais. Première victime politique de la crise économique mondiale, Geir Haarde, chef d'un Parti conservateur qui dominait la scène islandaise depuis l'indépendance du pays en 1944, a piteusement quitté le pouvoir lundi dernier, dans une limousine noire maculée d'œufs et de fromage blanc. Mais la «révolution des casseroles», comme on l'appelle à Reykjavik, n'est pas terminée : ce samedi, pour la 17e fois depuis le début de la crise en octobre, ils étaient encore plusieurs centaines à crier leur colère. «Rendez-nous notre argent !», proclament des pancartes. «On veut de nouvelles têtes dans les banques et au gouvernement », martèle Sigrun, agent immobilier qui «n'a rien vendu depuis deux mois». «À peine née, ma fille a déjà une dette de plusieurs milliers de couronnes sur les épaules : c'est fou !», s'exclame Larus, un grand barbu venu avec son bébé de neuf mois.

    Un nouveau gouvernement, coalition entre les deux principaux partis de gauche, a été officiellement investi dimanche par le président. À sa tête, la sociale-démocrate Johanna Sigurdardottir, 66 ans, ancienne ministre des Affaires sociales, était la plus populaire du cabinet sortant. Des élections anticipées sont prévues le 25 avril. «Cela va dans la bonne direction, concède un retraité. Mais cela ne nous suffit pas : il faut aussi faire tomber David Oddsson.» Le gouverneur de la banque centrale, un conservateur qui fut premier ministre de 1991 à 2004, cristallise toutes les rancœurs : «Il s'en est mis plein les poches et n'a rien fait pour nous sauver !», s'insurge une blonde en manteau de vison. La nouvelle chef du gouvernement a précisé que l'une de ses premières actions serait «de changer la direction de la banque centrale».

    Les Islandais n'oublieront pas l'humiliation d'avoir vu leurs cartes de crédit refusées à l'étranger, et même sur Internet. Ni celle d'avoir été placés «sur la même liste qu'al-Qaida et les talibans» par le gouvernement britannique : Londres n'avait pas hésité, dès octobre, à utiliser la législation antiterroriste pour geler les avoirs des banques islandaises au Royaume-Uni !

    Du coup, tous veulent s'impliquer pour leur pays. Le soir après le travail, le matin dans les piscines d'eau chaude, les Islandais réfléchissent à leur avenir. Il y a le groupe des poètes, celui des musiciens, des philosophes, et même une «cellule d'activistes» masqués, «prêts à dépasser les limites de la légalité». Membre fondateur du «Gouvernement d'urgence des femmes», Kristin Palsdottir, une bibliothécaire de 45 ans, a eu «le déclic» quand elle a vu, en octobre, «tous ces hommes en costume sombre, banquiers et politiques, se réunir au siège du gouvernement». «C'est une crise patriarcale, s'indigne-t-elle. Ce sont ces “nouveaux Vikings” qui ont joué avec notre argent. Il serait temps de créer une société plus juste.» Plusieurs mouvements souhaitent modifier la Constitution, afin d'éviter notamment toute collusion entre les milieux politiques, d'affaires et la justice.

    «On assiste à un immense sursaut citoyen», commente Karl Blondäl, rédacteur en chef adjoint du grand quotidien Morgunbladid. «Un mouvement comparable à ceux qui ont renversé les dictatures d'Europe centrale. Bien sûr, notre système politique n'est pas une dictature, mais il est très critiqué pour sa corruption et son népotisme. Le problème, c'est que ces mouvements n'ont pas d'agenda unifié et que, pour l'instant, nous n'avons vu apparaître aucun Lech Walesa !»

    «On voit des choses incroyables»

    Dans cette petite île pourtant habituée aux éléments déchaînés, la tempête financière a tout soufflé sur son passage : les banques, la monnaie… et les économies de quelque 85 000 petits épargnants. En tête, en 2007, du classement par l'ONU des «pays où l'on vit le mieux», l'Islande et ses 320 000 habitants sont aujourd'hui sous perfusion du FMI.

    Ces cinq dernières années, le revenu des ménages avait augmenté de 45 % en moyenne. Leur endettement avait doublé, tandis que tous se faisaient construire de magnifiques maisons et s'équipaient de luxueux véhicules tout-terrain, entièrement financés par des emprunts en yens ou en francs suisses. «Vous étiez un jeune couple et vous aviez besoin d'un million ? On vous en proposait dix ! raconte un ancien banquier plein de remords. Donc vous n'hésitiez pas à tout redécorer et à vous offrir, en prime, un home cinéma !» Comme garantie, il suffisait d'hypothéquer la maison des parents...

    Résultat : toute la population est plus ou moins touchée. Avec la dévaluation de la couronne, qui a dévissé de près de 50 %, certains foyers ont vu doubler le montant de leurs échéances… tandis que la valeur de leurs biens s'effondrait. «On voit des choses incroyables ! indique Karl Blondäl. Comme ces anciens cadres, qui, dans leur luxueuse maison de 300 m², qu'ils n'arrivent pas à revendre, survivent aujourd'hui grâce aux allocations chômage.» Ou bien cette famille, venue chercher un panier-repas offert par une association caritative à bord de l'une de ces Range Rover dernier cri, que les Islandais surnomment aujourd'hui «Game Over» (fin de partie).

    Quant aux travailleurs immigrés, des Européens de l'Est pour la plupart, qui pensaient faire rapidement fortune dans cet eldorado de l'Arctique, ils plient bagages. «Certains, poursuit le journaliste, préfèrent abandonner leur maison avec la clé sur la porte plutôt que de continuer à en payer les traites.» Les Islandais eux-mêmes s'interrogent : ne vaut-il pas mieux quitter son pays, pour ne pas passer sa vie à rembourser une énorme dette ? Déjà, les demandes affluent à l'ambassade du Canada, ainsi que dans les pays nordiques.

    Vers 10 % de chômeurs

    «Et on n'a pas encore touché le fond ! souligne Gunnar Haraldsson, directeur de l'Institut de recherches économiques islandais. Les salaires ont été gelés, parfois même réduits. Les ménages vont être contraints de revoir leur consommation à la baisse. C'est un cercle vicieux. On parle de geler les prêts. Mais au bout d'un moment, il va bien falloir augmenter les impôts !» L'étendue des dégâts n'est pas encore connue. L'estimation de l'actif et du passif des trois grandes banques, qui viennent d'être nationalisées, ne sera prête qu'en avril. Mais en novembre déjà, le premier ministre, Geir Haarde, en avait donné une petite idée : «Les mesures considérables engagées par les autorités américaines pour sauver leur système bancaire représentent un peu moins de 5 % du PIB américain, avait-il rappelé. L'ensemble des dettes des banques islandaises totalise plusieurs fois le PIB de notre pays.»

    Selon les prévisions de la banque centrale, le produit intérieur brut devrait fondre de 9,9 % en 2009. L'agence locale pour l'emploi s'attend à quelque 18 000 chômeurs à la fin mai, soit 10 % de la population active. Quant à l'inflation, elle vient d'atteindre, en janvier, le taux record de 18,6 % sur un an.

    Cependant, veulent croire les Islandais, tout n'est pas perdu. «Ce n'est que d'argent dont nous manquons ! rappelle une manifestante. Nous ne sommes pas le Zimbabwe.» Dans ce pays rude, l'un des plus pauvres du monde jusque dans les années 1970, il reste, selon le président Olafur Ragnar Grimsson, «un énorme potentiel pour la production d'énergie renouvelable, d'importantes ressources halieutiques et les beautés naturelles» du paysage, qui attirent de nombreux touristes. L'espoir pourrait également venir de l'Union européenne. «Une demande d'adhésion (de Reykjavik) serait considérée très favorablement à Bruxelles», a assuré vendredi le commissaire européen à l'Élargissement, Olli Rehn. Les négociations pourraient même être accélérées pour faire de l'Islande le 29e État membre, en même temps que la Croatie, en 2011. Un référendum sur l'adhésion pourrait avoir lieu au printemps. Mais la population, semble-t-il, hésite encore. Majoritaires il y a un mois, les partisans de l'Europe n'étaient plus que 38 % dans un sondage publié mi-janvier.

    En attendant, les Islandais rivalisent d'ingéniosité pour faire des économies. «On ressort ses pulls en grosse laine vierge du placard. Coudre ses vêtements soi-même est devenu très tendance, s'amuse Magrét Elisabet Olafsdottir, professeur d'histoire de l'art. Désormais, au lieu de se délecter, dans un restaurant branché, d'une subtile tempura de joues de lotte à la sauce saté, on réapprend à confectionner le traditionnel blodmör, le boudin au sang de mouton. Et, en fin de compte, c'est tout aussi bon.»

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8165549
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