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    L'islamisme algérien, d’Al Albani jusqu'à Internet

    Une conférence de haute facture a été donnée mercredi dernier à Oran, précisément au Centre d’études maghrébines en Algérie (CEMA), par le chercheur algérien et anthropologue des religions Abderrahmane Moussaoui. Sous le titre « La concurrence des dogmes au Maghreb : l’Islam à l’épreuve », Abderrahmane Moussaoui s’est appliqué à établir une cartographie rigoureuse du fait religieux en Algérie, à la lumière des mutations que connaît la société algérienne depuis une vingtaine d’années.

    Après une courte introduction faite par Robert Parks, directeur du CEMA, A. Moussaoui étrenne sa conférence par ce constat : « Cet Islam que nous vivons depuis 20 ans, certains nous disent que c’est un Islam nouveau. Moi je dis que depuis le XIXe siècle, l’Islam a toujours bougé. » De fait, depuis la « nahda » de Mohamed Abdou en passant par le mouvement des oulémas dans les années 1930 en Algérie et en finissant par la révolution islamique de 1979 en Iran, le monde musulman n’a eu de cesse de connaître des variations notables. Dans quelle mesure ces changements et ceux qui sont survenus ultérieurement, notamment sous l’impulsion de l’islamisme politique, ont-ils touché en profondeur la prédominance du paradigme « sunnite-malékite » en Algérie ? Telle est justement toute la problématique de cette conférence. Le chercheur qui, signale-t-on, vit à Aix-en-Provence où il fait partie d’un laboratoire qui travaille sur le fait religieux sous l’égide du CNRS, relève que les pratiques de l’Islam au Maghreb connaissent toute sorte d’accommodements qui nous écartent peu ou prou du rite malékite auquel nous sommes supposés appartenir. Usant d’un oxymoron, A. Moussaoui parle tout d’abord d’un « individualisme communautaire ». D’après lui, s’il y a toujours une communauté de foi qui rassemble les musulmans, ces derniers se livrent à des pratiques individuelles par lesquelles ils tentent de se différencier du socle dominant. Exemple : le hidjab. On le voit tous les jours en arpentant la rue Didouche : les Algériennes pratiquantes rivalisent d’inventivité en vue de « personnaliser » leur hidjab. Le conférencier convoque également certaines manières de prier qui étaient jusqu’ici étrangères à nos parents. Citant M. Arkoun, A. Moussaoui parle d’Islam avec un grand « I » et d’Islam avec un petit « i » qui renvoie, selon lui, à l’islam vécu. Se référant plus loin à Jacques Berque, il souligne le rôle de « la démocratisation de l’écrit » dans l’accès des profanes instruits aux grands textes de l’exégèse musulmane. Ces apprentis cheikhs se sont faits autodidactes « au point d’apporter la contradiction à l’imam » (A. Moussaoui). Cela a aussi contribué à diminuer l’autorité de « l’imam du village » et ses référents traditionnels.

    La traçabilité de la pensée salafiste

    Ainsi, pour A. Moussaoui, l’Islam au Maghreb n’a eu de cesse de subir les assauts des mutations sociales, politiques et technologiques ambiantes. Mais aussi la concurrence des autres dogmes, comme on le verra plus loin. En Algérie, le malékisme, principale source en matière de « fiqh » (droit religieux), sera ébranlé par la vague de « sahwa », l’éveil islamique, qui a déferlé sur le pays dans les années 1980. Et son corollaire : l’arrivée de la salafia. Disséquant un phénomène souvent mal cerné et objet de force amalgames, A. Moussaoui distingue trois compartiments au sein de la mouvance salafiste : la scientifique (salafia îlmiya), la politique (salafiya harakiya) et la guerrière (salafia djihadia). Avec la salafia, nous assistons, relève l’anthropologue, à une refondation de « l’interprétation de l’Initial ». « Hormis les fondements (al ouçoul), tout est considéré comme de l’historique », note-t-il en se faisant l’écho d’une règle chère à cette mouvance. Retraçant le parcours initiatique du wahhabisme, il s’attarde sur l’œuvre d’Al Albani, la vulgate par excellence des salafistes. Ses adeptes vont se référer exclusivement au Kitab et à la Sunna en balayant d’un revers de main toute la production exégétique et jurisprudentielle des grandes écoles théologiques. Ces « puristes » renieront a fortiori toute référence à la raison, une herméneutique chère aux Moatazilite. Passant au crible la doctrine wahhabite, Abderrahmane Moussaoui estime que « d’Ahmed Ibn Hanbal à Ibn Taymiya, et de Mohamed Abdel Wahab à Nasreddine Al Albani, la traçabilité de la pensée salafiste est facile à établir ». Moussaoui évoque également ces vagues d’étudiants qui partaient au hidjaz puiser aux sources du wahhabisme et qui revenaient au pays auréolés du prestige de vénérables cheikhs. Cette mobilité fera que le rite malékite et l’Islam populaire au Maghreb subiront de sacrés coups jusqu’à fissurer l’édifice théologique ancestral. Consolidés idéologiquement et juridiquement, les salafistes n’auront point de mal à s’organiser politiquement à la première brèche démocratique avec l’avènement du pluralisme politique en 1989. Pour l’auteur de De la violence en Algérie, les lois du Chaos (Actes Sud 2006, Barzakh 2008), c’est la salafia scientifique (comprendre au sens des sciences dites « islamiques » ou « ouloum al charia »), qui bénéficiera le plus de la bienveillance du régime en raison de son caractère « modéré », elle qui prône le changement par la propagation pacifique des concepts et des préceptes de l’Islam. « Pour cette branche, la politique doit être évitée, arguant du fait qu’il ne faut pas contester l’autorité du souverain à moins d’une impiété flagrante (kofr bawah) », dira Moussaoui. « Cette forme de salafia n’est pas dangereuse pour le régime, elle qui prône l’abandon de l’action politique avec pour devise, "mina essiyassa tark al siyassa" (c’est de la politique d’abandonner la politique) », a-t-il ajouté. L’une des figures de proue de cette salafia « soft », à Alger, fait remarquer A. Moussaoui, est celle du cheikh Chamsseddine, ce « daîya » débonnaire de Belcourt qui intervient beaucoup dans la presse, et qui fait dans la proximité par le canal du caritatif. « Il a même un site internet et les gens lui posent toutes sortes de questions relatives à la vie quotidienne », a observé le conférencier. Ce qui en dit long, selon lui, sur le retard pris par l’appareil juridique de l’Islam patriarcal. « Le fiqh est en panne », assène Moussaoui. « La vie moderne foisonne de détails qui appellent une réponse pour savoir si telle ou telle chose est licite ou illicite. Comme disait Berque, le fiqh sert à domestiquer le réel. Or, le réel est mouvant et il y a tellement de questions qui se posent et qui n’ont pas été réglées, alors on invente des solutions dans l’urgence », a-t-il analysé.

    Mufti.com

    Dans la foulée, Abderrahmane Moussaoui parlera abondamment du rôle de l’internet et des sites des muftis dans la vie du musulman contemporain. Les chouyoukhs « high-tech » semblent avoir pris la mesure de l’efficacité des réseaux internet dans l’action de la « daâwa » ; aussi se sont-ils engouffrés dans la brèche technologique sans complexe aucun comme ils l’ont fait avec les bouquets satellites en donnant dans le « fiqh numérique ». « Aujourd’hui, on peut entrer en contact avec le mufti de son choix par internet et avoir un Islam à la carte. Avec la globalisation, nous sommes à l’ère du village planétaire », a affirmé Moussaoui. Il relève aussi le rôle documentaire que joue le Net en fournissant une base de données inestimable sur tout ce qui a trait à l’Islam, remettant au goût du jour les textes (interdits) de Sayid Qotb, ceux de Abdessalama Farag ou encore des sources fort précieuses telles les tafassir de Tabari ou de Zamakhchari. Et de constater : « Le discours malékite passe pour être du "has been". Nous sommes en face d’un œcuménisme imaginé. Les gens se disent aujourd’hui "la madhhabiyine", des musulmans hors doctrines. » Mais voilà que la salafia radicale s’appose à tout cela, voyant dans la modernité une « bidaâ » en bloc, une hérésie, animée en cela par « l’obsession d’agir selon un passé vécu », un passé considéré comme parfait et investi d’une dimension normative. « Charrou al oumouri mouhdathatouha » (l’innovation est la pire des choses), martèlent ainsi les islamistes les plus obscurs. La « harakiya », elle, choisit d’investir le politique par le biais de l’action partisane légale, et son plus grand représentant est le MSP, rappelle le conférencier. Quant à la salafia djihadiya, elle vise in fine à rétablir le califat qui, dans l’imaginaire musulman, n’est pas si loin que cela, insiste l’anthropologue, puisque l’abolition du califat remonte à 1924 seulement, sous Ataturk. Parlant de l’impact des autres courants, rites ou dogmes, Abderrahmane Moussaoui évoquera le phénomène de la « transconversion » par le passage au chiisme (lire encadré). Il parlera également de l’entreprise évangéliste qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a contribué, elle aussi, à casser l’image d’un moule religieux monobloc en Algérie. Autant de faits, conclut-il, qui embarrassent de plus en plus les autorités religieuses au point d’appeler à la rescousse un prédicateur « people » comme Amr Khaled pour réconcilier les Algériens avec le sunnisme BCBG…

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8164699
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