MAM quitte le Quai par la petite porte

Alain Juppé, son successeur aux Affaires étrangères, assurant que «la voix de la France est entendue dans le monde», se donne comme priorité de refonder l'Union pour la Méditerranée.

La mine des bons jours et un faux air étonné. «Mais il y en a du monde?...» Pas question d’être prise pour une mauvaise partante. Dans le hall du Quai d’Orsay, peu avant midi, Michèle Alliot-Marie sourit de toutes ses dents avant la poignée de main à Alain Juppé, parti, plus tôt dans la matinée, du ministère de la Défense.

Après un entretien d’une demi-heure avec son «cher Alain», MAM ne dira rien non plus des semaines de polémique autour de son séjour tunisien de Noël, avec virée en jet privé, qui l’ont forcée à démissionner dimanche.

La gaulliste parle tout juste d’une «brève période» de trois mois aux Affaires étrangères, après neuf ans de gouvernement à tous les postes régaliens, et remercie ses deux ministres, Henri de Raincourt, chargé de la Coopération, et Laurent Wauquiez, aux Affaires européennes, pour «le soutien et la solidarité qu’ils [lui] ont manifestés ces dernières semaines». Partir par la petite porte et discréditée, mais la tête haute et sans aigreur.

«Elle s’est effacée avec beaucoup de dignité», salue son père, Bernard Marie, qui était du voyage en Tunisie, où il était en affaires avec l’ami du jet, Aziz Miled. «Michèle est un victime collatérale», ajoute-t-il sur France Bleu Pays basque.

«La roue tourne»

Celle qui compte retrouver son siège de députée des Pyrénées-Atlantiques rappelle aussi avoir voulu «adapter» son ministère «à la nouvelle donne internationale», «parce que les choses bougent». Réponse aux critiques sur l’incapacité de l’exécutif à saisir les aspirations des peuples arabes en révolte.

Reproche «injuste», renchérit son successeur, soucieux de choyer un corps diplomatique en plein doute. «Je sais que la voix de la France est entendue dans le monde», se persuade Juppé, même si «hélas, la polémique politicienne l’emporte souvent sur l'objectivité».

Jouant la loyauté à Nicolas Sarkozy, le «sauveur» du remaniement s’en tient à la feuille de route, délivrée dimanche soir à la télé - «c’est le président de la République qui fixe le cap» - avec la refondation de l’Union pour la Méditerranée (UPM) comme «ambition prioritaire», vantant dans le projet de Sarkozy «une initiative prémonitoire». «Je n’ai aucun doute, ce sera difficile», confesse enfin Juppé, qui connaît bien le poste, pour l’avoir exercé pendant «deux des plus belles années de [sa] vie publique» (1993-1995).

A Alliot-Marie dont il loue la «superbe carrière», «le professionnalisme» et «la hauteur de vue», Juppé parle aussi d’expérience: «Je suis bien placé pour savoir que la politique est parfois brutale. Je le suis aussi pour dire que la roue tourne.»

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