Malgré le cessez-le-feu, les combats continuent en Libye

Alors que les forces internationales préparent l'intervention militaire en Libye, plusieurs témoignages semblent indiquer que forces pro-Kadhafi et rebelles continuaient de s'affronter, vendredi 18 mars, malgré le cessez-le-feuunilatéral annoncé par Mouammar Kadhafi.

Selon la chaîne Al-Jazira, les forces pro-Kadhafi avanceraient rapidement en direction de Benghazi ; les forces loyales au dirigeant libyen affronteraient notamment les insurgés dans les localités d'Al Magroun et Slouq, à une cinquantaine de kilomètres de Benghazi.

La ligne de front, qui n'a cessé d'évoluer depuis une semaine, court désormais autour d'Ajdabiya et zigzague de la mer Méditerranée à la route menant à Tobrouk. A une soixantaine de kilomètres au nord d'Ajdabiya, à environ 1 000 km de Tripoli, le docteur Awaz résume la situation, un théâtre militaire confirmé par plusieurs insurgés: "En gros, les combats, donc les blessés, sont concentrés dans un triangle qui va de Zuwaytinah à Ajdabiya et à une position des forces pro-Kadhafi à une vingtaine de kilomètres au nord d'Ajdabiya." "Les soldats de Kadhafi sont sur tous les axes menant à Ajdabiya, mais la ville elle-même est complètement sous le contrôle des rebelles", affirme-t-il.

TRIPOLI DÉMENT TOUTE VIOLATION DU CESSEZ-LE-FEU

A Benghazi, un membre du conseil militaire de l'insurrection, qui a rejeté le cessez-le-feu en dénonçant une tentative de bloff du régime, a accusé les forces fidèles au dirigeant libyen de continuer à mener des attaques. "Le régime de Kadhafi n'a jamais cessé de frapper ou d'attaquer le peuple. Jusqu'à maintenant, il attaque toujours les villes assiégées", a déclaré Khaled al-Sayeh. Il a fait état de "bombardements soutenus" sur Zenten (120 km au sud-est de Tripoli), Misrata (200 km à l'est de Tripoli) et Ajdabiya (160 km au sud de Benghazi), trois villes encore partiellement aux mains de l'insurrection.

De leur côté, les autorités libyennes ont démenti avoir mené des opérations militaires après l'annonce du cessez-le-feu. "Les forces armées libyennes respectent l'annonce de cessez-le feu et l'engagement de protéger les civils et n'ont entrepris aucune opération militaire après l'annonce du cessez-le-feu", a indiqué à l'AFP une source militaire sous couvert de l'anonymat.

MISRATA PILONNÉE VENDREDI MATIN

Des sources témoignent ainsi de bombardements sur Misrata, la troisième ville du pays, plusieurs heures après l'annonce du cessez-le-feu. Selon un médecin présent à Misrata, dernier bastion rebelle dans l'ouest de la Libye, trente-huit personnes avaient trouvé la mort lors d'un assaut lancé vendredi matin, soit quelques heures après le vote à New York.

Près d'Ajdabiya, ni les rebelles ni l'armée ne semblaient être au courant d'un cessez-le-feu. Youssef, ingénieur du secteur pétrolier, accompagnée d'une quinzaine d'hommes expliquait ainsi à l'AFP : "Il y a une centaine de soldats de Kadhafi qui se battent contre nous à Zuwaytinah", un village côtier à une trentaine de kilomètres au nord-ouest d'Ajdabiya. "Depuis hier (jeudi) et encore aujourd'hui, ils bombardent la région par intermittence", assure-t-il.

Fahker, qui revient d'Ajdabiya avec sept autres rebelles, décrit aussi des bombardements intenses à la lisière nord-est de la ville. "Ils bombardent les maisons et nous avons dû partir en vitesse. Ils attaquent avec tous leurs moyens, artillerie, avions, soldats. Il faut demander au président Sarkozy de bombarder tout de suite, qu'il tue Kadhafi avant qu'il y ait un massacre", martèle-t-il, avant de retourner au combat.

FRAGILE RÉPIT À BENGHAZI

Benghazi, que Kadhafi avait violemment menacé peu avant le vote à l'ONU, semblait cependant avoir renoué avec un semblant de sécurité. Deux jours après avoir dû évacuer son personnel de Benghazi vers Tobrouk (à 100 km de la frontière égyptienne), le CICR a finalement décidé d'y réinstaller une équipe de quatre personnes pour reprendre son travail humanitaire.

"L'amélioration de la situation sécuritaire nous permet de revenir à Benghazi aujourd'hui (vendredi)", a déclaré Simon Brooks, chef de la mission du CICR en Libye. "Nous sommes impatients de continuer à soutenir les hôpitaux, de visiter les détenus à Benghazi et ailleurs et de travailler avec le Croissant-Rouge libyen pour aider les civils", a-t-il ajouté.

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