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    Le commerce florissant des enfants

    Hier soir, dans le hall de l’hôtel d’un pays arabe du Golfe, une famille déambulait dans le café occidentalisé qui vend de tout, sauf du café arabe. La mère semblait absente, alors qu’elle pianotait sur son téléphone portable. Le père avait l’air fatigué alors qu’il tirait sur sa cigarette, et toute une bande d’enfants couraient autour, faisant un bruit rafraîchissant qui rompait la monotonie de cet hôtel chic mais impersonnel.

    Courant derrière les enfants sans aucune autre raison que d’être constamment vigilante sur tout ce qui peut arriver, il y avait une adolescente indonésienne très maigre portant un foulard bien serré, un jean bleu et une chemise longue. C’était la domestique, ou Khadama comme on les appelle ici, ce qui signifie serviteur.

    La jeune fille n’était qu’une enfant, avec en gros la même constitution et le même comportement que ma fille de 14 ans qui est très occupée par ses études tout en anticipant un été plein de promesses. Si elle a de la chance, la khadama ’indonésienne peut s’attendre à une journée de congé toutes les deux semaines, tandis qu’elle passe tout son temps à travailler de nombreuses heures, sans aucun droit, avec peu ou pas du tout de salaire, et qu’elle n’a aucun moyen de s’échapper. Dans la plupart des pays du Golfe, les travailleurs étrangers, bon marché, sont tenus de remettre leurs passeports en respect d’une règle impliquant les autorités, les agences de placement et les employeurs. Ceci est fait pour assurer la soumission et l’obéissance des jeunes hommes et jeunes femmes qui sont pour la plupart originaires des pays d’Asie du Sud.

    Certains pays arabes sont devenus le terrain fertile d’une forme moderne d’esclavage qui profite de la misère qui prédomine ailleurs, afin de nourrir l’insatiable pulsion de consommation qui imprègne la plupart des sociétés. Ce phénomène est particulièrement décourageant, compte tenu que les doctrines islamiques ont toujours souligné le droit du travail il y a de cela plusieurs siècles, ne laissant aucune place à de fausses interprétations des textes religieux, qui disent bien que les êtres humains sont créés égaux, sont dignes de respect, doivent jouir de la liberté et de la dignité.

    L’injustice ne commence pas et ne s’arrête pas là. Les pays arabes riches ne sont que la simple manifestation d’un phénomène mondial implacable qui nécessite plus que de nouvelles conventions internationales qui resteront inappliquées, mais plutôt un changement radical dans les comportements.

    Le 12 juin était la Journée mondiale contre le travail des enfants, une occasion qui entraîna à peine quelques mentions dans les médias, et certainement pas assez pour rivaliser avec les gros titres concernant les derniers gadgets ou les photos suggestives d’une Kardashian ou d’une autre. Je me demande si notre tendance n’est pas de vouloir éviter de tels sujets, car une fois qu’ils sont vraiment discutés, à des degrés divers, ne devenons-nous pas tous un peu coupables ? Dans les vêtements de marque que nous portons, les gadgets sophistiqués que nous trimbalons un peu partout avec nous, et à peu près dans tout ce que nous consommons, il est sûrement possible d’y trouver des traces de la sueur d’ouvriers surexploités ou les larmes d’un enfant qui attend beaucoup de la vie mais recevra peu.

    Non, il n’est plus question d’un sentiment de culpabilité, mais d’un problème pressant qui ne peut plus être ignoré ou rangé dans quelques vagues notions sur le monde en général, sur l’injustice et autres considérations. De nombreuses formes d’injustice sont le produit de décisions conscientes prises par chacun d’entre nous. Elles peuvent également être renversées par des décisions conscientes prises également par un certain nombre d’entre nous.

    L’Organisation internationale du travail (OIT) a beaucoup fait pour définir le problème et tenter d’engager divers gouvernements dans le monde à alléger les souffrances des travailleurs, en particulier celles des enfants. La plupart des pays du monde ont intégré les conventions de l’OIT dans leur législation, mais ils doivent encore remettre en cause l’exploitation enracinée dans leurs propres sociétés.

    Si l’on parcourt les textes des conventions fondamentales sur le travail des enfants de l’OIT (à savoir les n° 138 et 182 et plus récemment le 189, adoptés lors de la Conférence internationale du Travail de 2011), tout est suffisamment clair en ce qui concerne l’âge minimum d’admission à l’emploi, les « pires formes de travail des enfants » dans le travail domestique et de nombreuses autres questions connexes. Pourtant, alors que les gouvernements signent sans difficulté ces conventions - sachant que les contraintes d’application sont quasi inexistantes - les changements sont trop souvent négligeables sur le terrain.

    En Birmanie, nous rapporte Irrawaddy News, un militant qui se nomme Hsu Hnget déclare que le travail des enfants est « si profondément ancré dans la société qu’il en est devenu une ’tradition’ ».

    Selon une enquête menée par les Children Rights, et citée dans le Huffington Post, « 19 pour cent des personnes dans le sud de Delhi pensent qu’un individu est encore un enfant si il ou elle est en dessous de 10 ans, et de plus ils ne connaissent rien des lois qui interdisent le travail des enfants ».

    En Indonésie, l’OIT estime que près de 2,5 millions d’enfants travaillent, alors qu’ils ne devraient pas. Le Jakarta Post a rapporté que 21 pour cent d’entre eux sont des travailleurs domestiques, tandis que 60 pour cent travaillent dans l’industrie du tabac. Selon l’OIT et d’autres organisations, beaucoup d’entre eux travaillent sans même être payés.

    « Les enfants dans les champs de tabac travaillent de trois à sept heures par jour, gagnant seulement 15 000 Rp (soit 1,51 dollar US) à 25 000 Rp », a rapporté le Jakarta Post, le 15 juin.

    Le Bangladesh est en particulier la proie d’une telle exploitation, du genre qui implique de nombreuses entreprises occidentales qui cherchent du travail bon marché et de grandes marges de profit. Beaucoup de ceux qui ont péri sous les décombres de l’immeuble Plaza Rana à Dhaka le 24 avril dernier, étaient des enfants, et bien sûr, des adultes exploités. Depuis deux dates-anniversaire sont passées, mais sans amener le moindre changement dans les conditions de travail : la Fête du Travail le 1er mai et la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin.

    Il y a environ 215 millions d’enfants considérés comme travaillant. Parmi eux, selon l’Organisation internationale du Travail , « 10,5 millions sont exploités pour cuisiner et nettoyer les maisons, où ils sont souvent soumis à des conditions de travail dangereuses et aux abus sexuels ».

    Au Moyen-Orient, l’exploitation des travailleurs est également une « tradition », dont on parle très peu, sans réelles protestations face aux conditions de travail lamentables, en particulier celles impliquant des enfants. Ce n’est pas limité aux travailleurs étrangers, mais cela s’applique aussi aux ressortissants nationaux. Selon une carte mondiale interactive sur le site de l’OIT, « on estime que 13,4 millions, soit environ 15 pour cent de tous les enfants de la région (arabe) sont des enfants qui travaillent. »

    Dans une autre étude, l’OIT développe une étude sur les types d’exploitation dans les pays arabes. « Les enfants qui travaillent dans cette région sont obligés de s’impliquer dans des activités illicites comme le trafic de drogue et le commerce du sexe, sont soumis au recrutement par des extrémistes religieux, sont en mauvaise santé, exposés à des environnements de travail dangereux et sans accès à une formation professionnelle. »

    Bien sûr, la guerre civile syrienne aggrave cette forme d’exploitation et ses horribles conséquences sont désormais répandues dans toute la région. De nombreux enfants syriens sont exploités au Liban et ailleurs, en tant que travailleurs et prostitué(e)s, a rapporté Al Akhbar, le 11 juin. Des rapports similaires font surface ailleurs, dans tous les pays arabes, la Turquie et l’Europe. « Non loin des zones de tension au Liban, » le journaliste Issam Azouri parle d’un enfant « qui reçoit 20 dollars par jour pour lancer une grenade à main ou brûler un pneu », selon Al Akhbar, qui a également publié un article où il est question d’un petit garçon de 4 ans qui mendie pour survivre.

    Dans un sens très tragique, l’adolescente indonésienne, « serviteur » de la famille dans l’hôtel la nuit dernière, ne pourrait même pas être comptabilisée sous la rubrique « pires formes de travail » par la convention n° 182 qui définit le type de travail considéré comme similaire à l’esclavage.

    Quoiqu’il en soit, nous ne devons pas attendre encore un an pour parler juste en passant des dizaines de millions d’enfants exploités, hocher la tête de concert sur la façon dont le monde est injuste, et déblatérer sur combien nous sommes chanceux d’être épargnés d’une telle injustice. Les enfants qui travaillent n’existeraient pas s’il n’y avait pas plusieurs millions d’exploiteurs prêts à en profiter, voulant des khadamas, des cigarettes fines et des vêtements de marque. Le monde, après tout, est fait de gens comme nous, et nous ferions mieux de prendre la responsabilité de ce qui s’y passe et de ses enfants exploités.

    * Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Résistant en Palestine - Une histoire vraie de Gaza (version française), peut être commandé à Demi-Lune. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Fnac.com

     

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8133066
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