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    Océane, convertie à l’islam : « Si nous étions tous des fous enragés... »

    7 janvier 2015. « Fusillade à Charlie Hebdo, 12 morts » aux infos. En mon for intérieur, je crie :

    « Ya Allah (Ô Seigneur !), j’espère qu’ils ne vont pas nous dire qu’ils sont de ton équipe. »

    Raté ! Ou bingo ! C’est reparti pour un tour...

    Lors des attentats du 11 septembre, je n’étais pas musulmane. Aujourd’hui, en plus d’être la petite Française « blanche » bien élevée, je suis musulmane. Et je repense à la façon dont j’ai vécu ces deux moments historiques qui seront dans les prochaines interros d’histoire du secondaire, pour des siècles et des siècles.

    En 2001, j’étais choquée, outrée, apeurée. J’insultais ces Arabes « qui nous faisaient ch*** avec leur religion de me*** ». J’avais 13 ans et je répétais ce que j’entendais à la maison, à l’école, et de manière un peu moins décomplexée qu’aujourd’hui, dans les médias. Dans mon esprit d’adolescente, j’en concluais que si les adultes avaient tous peur des musulmans, c’est qu’ils devaient avoir de bonnes raisons.

    « Si nous étions tous des fous enragés..... »

    En 2015, ma réaction est différente. J’ai peur aussi, mais pas de l’islam, puisque je l’ai fait mien. Désormais, j’ai peur du racisme, lequel risque d’atteindre son paroxysme dans les mois à venir. Et je suis en colère. En colère car on m’insulte. On dit de moi que je suis le problème, que je suis contre les valeurs républicaines, que je suis le nouvel ennemi public n°1.

    On présume que je cautionne car je suis « silencieuse ». Un ami non musulman m’a envoyé un article sur le prêche de l’imam Tareq Oubrou. Ce dernier invite les musulmans à sortir de leur silence. C’est drôle, parce que j’en connais plein qui aimeraient parler.

    Bizarrement, c’est Natacha Polony ou l’imam Chalghoumi qui le font à notre place. Autrement dit, on a décidé qui devait représenter le mieux les musulmans. Et on nous le reproche.

    Que voulez-vous que l’on dise de plus ? Répéter pour la énième fois que « islam » veut dire « paix » et tout le blabla ? A quoi bon, puisque les réponses à ça ressemblent comme deux gouttes d’eau à du vomi de haine.

    Je suis fatiguée de devoir me justifier, encore et toujours, car j’estime que le comportement des millions de musulmans français parle de lui même : si nous étions tous des fous enragés, vous ne pensez pas qu’il y aurait déjà eu « la zombie apocalypse » en France depuis longtemps ?

    Mufasa....

    Pourquoi rabâcher pour la énième fois que je viens en paix, alors qu’à chaque fois, personne n’entend et ne retient ? La preuve, aujourd’hui encore, des non-musulmans nous assimilent à des terroristes sanguinaires. Ils attendent que l’on se désolidarise pour la énième fois de ce genre d’atrocités. C’est pourtant évident que l’on se désolidarise.

    Je répète : C’EST EVIDENT ! Mais mince ! Est ce qu’on a demandé à tous les lions de se désolidariser du meurtre de Mufasa [dans « Le Roi lion », ndlr] ? Est ce qu’on a demandé aux prêtres ou à l’ensemble des chrétiens de crier ô combien la pédophilie n’est pas un précepte chrétien ?

    On ne m’a jamais demandé en tant que Portugaise d’origine de me désolidariser du commerce triangulaire. Pourquoi demande t-on toujours aux musulmans des choses qui vont de soi pour les autres ?

    Je m’interroge sur une partie des citoyens français. Aujourd’hui, nous avons un accès sans limite au savoir, à condition de le vouloir vraiment. Toi, musulman très sceptique, complètement flippé et plein de préjugés, tu peux acheter quelques bouquins sur l’islam, voir même lire le Coran – si pas trop la flemme – et R.E.F.L.E.C.H.I.R par toi-même tonnerre de Brest !

    Fais-toi des potes musulmans

    Ou j’ai même une meilleure idée ! Et si tu te faisais des potes musulmans et que tu apprenais à les connaître, pour de vrai, sans leur poser la question du pourquoi-tu-manges-pas-de-porc – parce que nos vies ne se résument pas à une somme d’interdits. Et tant qu’on y est, pourquoi toi, musulman, tu ne ferais pas connaissance avec un non-musulman, pour de vrai, sans le résumer à sa condition de mangeur-de-porc ?

    Ah, on me signale dans l’oreillette que de telles initiatives sont déjà en voie de développement.

    Je m’interroge aussi sur la responsabilité de la classe politique dans ce carnage. Depuis vingt ans, rien n’a changé dans certains HLM et quartiers pauvres. On prend les mêmes et on recommence. En Ile-de-France, il y a des cités qui donnent envie d’avaler une boîte de Prozac. Où, psychologiquement, c’est très rude. N’a-t-on rien retenu des émeutes de 2005 ?

    Non, ce carnage n’est pas l’œuvre de fanatiques religieux, qu’ils soient musulmans ou non. Ces mecs là étaient juste complètement paumés et je n’ai pas à me désolidariser d’eux, car je n’ai rien fait pour provoquer cela. Paumés dans un pays qui perd ses valeurs d’entraide et de partage. On ignore le mal-être de milliers de personnes, ce qui laisse la porte ouverte à des gourous.

    J’ai eu peur après Charlie Hebdo. J’ai tout de suite eu une pensée pour ma vie de famille.

    « Et voilà plusieurs années de médiation entre elle et moi réduites en bouillie par deux individus en cagoule. »

    Heureusement, ils ne s’en sont pas pris à des juifs, me suis-je dit. Raté ! Ma conversion ? Un acte antisémite....

    Mon père, juif marocain, a pris la conversion de votre humble amie pour un acte délibéré d’antisémitisme. Et comme ça fait des années qu’on essaie de nous faire croire que les musulmans sont antisémites, comment vous dire ?

    Eric Zemmour a dit qu’il n’y a qu’à ouvrir le Coran pour lire des appels au meurtre des juifs. Oui et ben si Eric Zemmour avait lu le Coran, il serait sûrement moins haineux de son prochain et il aurait sûrement moins envie de semer la panique chez tout le monde comme il le fait.

    Maintenant, l’heure n’est pas à l’exégèse, mais en gros, quand le Coran dit « tuez, bla bla bla », il y a plein de choses à prendre en compte et qui nécessitent d’être pas mal calé en islamologie et autres sciences religieuses et non pas en cancans.

    Je m’interroge sur la responsabilité des chaînes d’information et d’une frange des journalistes. Je sais les gars que les temps sont durs et que vous avez besoin de manger comme tout le monde. Mais si vous pouviez éviter de nourrir la haine et la peur dans le cœur des gens, je vous en serais reconnaissante. Au nom de ma relation avec mes parents, mais aussi de l’ensemble des musulmans psychologiquement équilibrés qui vivent en France, voire (allez, je prends le risque) sur Terre.

    Un non-musulman voyage avec un musulman

    À défaut d’avoir eu droit à la subtilité des médias dans cette affaire (ne me dites pas que c’est en allant interviewer trois filles voilées au lycée Averroès que vous comptiez contrer le raz-de-marée fasciste qui vient), je suis quand même émue de constater que beaucoup de nos concitoyens non musulmans nous soutiennent.

    Ils ont immédiatement tenu à faire bloc. Un ami m’a envoyé ce message, qui a gonflé ma gorge de larmes : ,

    « Si tu ressens le moindre besoin de t’excuser, si tu déclares que ce n’est pas en ton nom ou je ne sais quelle connerie relative à ta religion, je te raye de la liste de mes amis et je te maudis jusqu’à la 8e génération. »

    Un autre ami a même fait un petit récapitulatif concernant l’histoire des débuts de l’islam, en dépit des insultes... de sa mère ! Plusieurs actions ont démarré sur les réseaux sociaux comme #voyageavecmoi. Des non-musulmans proposent à des musulmans de voyager avec eux, afin de les protéger contre d’éventuelles attaques islamophobes. À la personne qui est à l’origine de cette action : je t’aime profondément.

    Prendre du recul sur notre rapport à la vie et la mort

    On serait tenté de croire qu’il y a désormais deux camps : musulmans (pas gentils) et non-musulmans (gentils). Les premiers seraient tous de potentiels terroristes – à cause d’une religion supposée violente – et les non-musulmans, les victimes. Comme si tous les musulmans formaient une unité organique.

    Comme si tous les non-musulmans n’avaient aucun point commun avec les musulmans. Bref, comme si notre condition d’être humain se résumait à une division binaire. Et sinon, la question des champs sociaux, on en parle ? Il se pourrait bien qu’un musulman et un non-musulman aient davantage de points communs que deux musulmans entre eux, ou deux non-musulmans entre eux non ? Je dis ça, je ne dis rien.

    Au final, je me dis que la différence se fait surtout entre les citoyens impliqués qui souhaitent réfléchir et apporter des solutions concrètes et ceux qui se confortent dans des réactions superficielles pleines de préjugés.

    Pourquoi ceux qui se réclament de Mai 68, de la liberté d’expression et de la justice pour tous, condamnent ceux qui ne se réclament pas de #jesuischarlie ou qui pensent tout simplement différemment d’eux ? Pourquoi minimiser les faits quand des mosquées sont attaquées ?

    J’irais même plus loin : pourquoi s’insurger contre douze assassinats dans des locaux parisiens, alors qu’une femme meurt tous les trois jours en France de violences conjugales et qu’un enfant meurt de faim toutes les six minutes dans le monde ? Je constate avec peine que les morts ont une hiérarchie dans nos cœurs.

    Cette épreuve doit nous mettre face à nos responsabilités humaines, qui exigent à mon sens de s’indigner de la même façon, que les victimes soient caricaturistes ou juste des hommes, des femmes et des enfants lambdas.

    Oui il y en a tellement, que c’est impossible. D’où peut-être l’utilité de prendre du recul sur notre rapport à la vie, à la mort et surtout, aux autres.

    Auteur: Océane, étudiante - Rue 89
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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 9787699
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