Les Arabes vus par Hollywood

« A Hollywood, on traite les acteurs comme des meubles dont la valeur est calculée sur l’argent qu’ils rapportent aux autres. Pour moi, c’est la meilleure définition de la prostitution. »
Linda Fiorentino, extrait du journal Libération - 29 novembre 1995

Des nombreuses réactions à mes deux derniers articles sur l’image de l’Islam dans les films hollywoodiens, l’analyse la plus importante m’a été adressée par un lecteur qui m’a fait découvrir un documentaire très intéressant que je vous conseille également de découvrir sur Internet sous le titre Hollywood et les Arabes ou comment un film avilit tout un peuple.

Alors que certaines télévisions françaises tentent, cette semaine, de nuire à l’image des Arabes à travers le film Etat de siège ou encore de justifier les méthodes du Mossad à travers le film Les patriotes, nous découvrons comment l’image des Arabes est écorchée par le cinéma américain de Hollywood. C’est un documentaire totalement inédit qui passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux dans l’histoire du cinéma et que personne n’avait jamais osé contester, depuis l’époque du muet jusqu’aux grandes productions hollywoodiennes d’aujourd’hui.

Réalisé par Sut Jhally d’après un livre de Jack Shaheen, un professeur américain spécialisé dans la civilisation arabe, le documentaire de 52 minutes relève la longue succession d’images dégradantes qui ont été utilisées pour représenter les Arabes au cinéma.

L’Arabe incarne le méchant qui prend la forme d’un bandit bédouin, d’un cheikh sanguinaire ou d’un terroriste ignoble. Dans sa déclinaison féminine, c’est une vierge soumise et hypersexy qui est montrée au moment où on assiste à l’entrée d’une femme dans le gouvernement saoudien considéré comme le plus rigoriste. Ce documentaire jette un éclairage sur l’origine de ces portraits stéréotypés et sur leur apparition à des moments-clés de l’histoire des Etats-Unis, démontrant du même coup les lourdes conséquences de cette représentation en Amérique, aujourd’hui.

En incitant le spectateur à réfléchir sur les conséquences sociales, politiques et simplement humaines de ces caricatures hollywoodiennes, ce film offre un point de vue opposé qui rend justice à la diversité et au caractère humain du peuple arabe, tout en faisant ressortir le vrai visage et la richesse de l’histoire et de la culture arabes. Des films muets aux plus grandes superproductions contemporaines, ce documentaire interdit à Hollywood et dans certaines télévisions, révèle une pernicieuse tendance hollywoodienne aux stéréotypes diffamatoires envers le peuple arabe.

Le film éclaire aussi sur la similarité troublante de cette caricature avec celle antisémite ou avec d’autres représentations racistes à travers l’histoire. Ainsi, dans une séquence d’un film américain ordinaire, un comédien interpelle un autre et lui demande: « Comment était Londres ? » L’autre réplique ainsi: « Plein d’Arabes. » Imaginez s’il avait dit plein de juifs ou de latinos, se demande l’auteur du documentaire, qui soulève la moitié du voile. Car en fait, cette situation est due à la force du lobby juif à Hollywood qui s’oppose à ce que l’Arabe et l’Islam soient vus du bon côté.

Mais cette situation est due essentiellement à la faiblesse d’un cinéma arabe, qui s’est ghettoïsé dans la péninsule arabe et orientale. La même image est projetée par les médias et les télévisions, mais la force de frappe médiatique des télévisions arabes a fait que l’image des Arabes s’est améliorée et surtout a bien été défendue dans les télévisions.

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