Le Coran fait mention comme la bible de l’histoire de Caïn et Abel, fils de Adam et de Eve. Les versets coraniques 27 à 32 de la sourate 5 Al-Ma-Idah (La Table Servie) donnent ainsi le récit du meurtre d’Abel par son frère Caïn.
Le Coran enseigne que Caïn K’abil et Abel H’abil firent une offrande à Dieu, mais que seul celle d'Abel fut acceptée, et non celle de son frère Caïn. Ce dernier, fou de jalousie et aveuglé par sa colère, entrepris alors de tuer son frère.
Abel ne se défendit pas, expliquant que son statut de soumis à Dieu l’empêchait de porter la main sur son frère. Après que Caïn eut porté le coup fatal qui fit succomber Abel, il fut l’auteur, sans le savoir sur le moment, du premier meurtre d’un être humain commis sur terre.
Dieu envoya alors un corbeau qui s’employa à gratter le sol avec ses pattes pour montrer entre autre à Caïn comment ensevelir le corps de son défunt frère sous terre. Voyant l’oiseau, Caïn comprit alors l’horrible acte dont il venait d’être l’auteur, et entrepris aussitôt d’enterrer le cadavre de son frère Abel.
Dieu donne à travers ce récit du premier meurtre de l'histoire de l'humanité, une morale à destination des croyants, leur prescrivant l’importance du respect de la vie d’un être humain, la proscription du meurtre des innocents et l’obligation qu’il incombe à chacun de faire en sorte de cohabiter avec ses frères dans la paix et le respect mutuel.
Il est important également de noter que Caïn et Abel ne sont pas appelés dans le Coran par leur prénom respectif mais par l’appellation de « Fils d’Adam », ce qui amplifie l’importance de cette histoire, dont la symbolique s'étend à l'ensemble des « Fils d'Adam », soit l'humanité toute entière.
L’histoire de Caïn et Abel présente également une vision plus subtile que ce qu’il pourrait ressortir d’une interprétation littérale classique des versets coraniques précédemment cités.
En effet, selon la Bible, Caïn serait un cultivateur et Abel un pasteur. Caïn serait donc un sédentaire, également responsable de la construction de la première ville, et Abel un nomade.
Certains auteurs de l'ésotérisme voit dans le meurtre d’Abel par son frère Caïn une victoire de la sédentarité au profit du nomadisme. Les sédentaires, de part leur nature, sont également vus comme les seuls personnes capables de pratiquer certains arts visuels ou décoratifs (peinture, sculpture), à l’opposé des nomades qui sont eux plus portés vers les arts sonores tels que la musique ou la poésie.
Les sédentaires, matérialistes, fixés dans l’espace et dans le temps, et adeptes de la représentation imagée ont donc, à l’image du monde moderne, tués peu à peu les nomades, en les obligeant à se conformer de plus en plus à une vie sédentaire, où toute tentative de se libérer du conformisme régnant est impossible.
Quand au symbolisme soulevé par l’offrande d’Abel et de Caïn, on retiendra que le meurtre d’Abel constitue en quelque sorte sa récompense, son martyr lui permettant d’acquérir la meilleure part dans l’au-delà, là ou son frère vivant, est condamné à errer sur Terre, dévoré par la douleur et le regret.
W’ Allahou allam Et Dieu est le plus savant.
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